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Un typhon, des négociations et des actes?

lundi 18 novembre 2013



Alors qu'en France des « bretons aux bonnets rouges » font pression sur le gouvernement pour empêcher la mise en place de l'écotaxe, les négociations sur le climat ont repris à Varsovie la semaine dernière. Les délégués d'environ 200 pays s'y rassemblent pour la 19ème conférence de l'ONU sur le climat (COP19). L'enjeu est de préparer un accord sur la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre pour la COP21 qui aura lieu à Paris en 2015.

Dans le même temps, l'actualité est secouée par le typhon qui a renversé lesPhilippines. Bien qu'aucun lien ne soit scientifiquement avéré, il est difficile de ne pas relier la multiplication des catastrophes naturelles extrêmes au dérèglement climatique en cours. C'est bien ce lien qui incite Maximes Combes, l'un des auteurs du livre La nature n'a pas de prix publié l'an dernier, à se demander si la France, qui peine à organiser sa transition écologique, ne devrait pas abandonner l'organisation de la conférence sur le climat de 2015 au profit des Philippines. 

La démonstration scientifique de la responsabilité humaine et industrielle du changement climatique n’est plus à faire. La recherche perpétuelle d’une croissance économique élevée oblige nos sociétés à produire toujours plus. Plus de vingt ans après le rapport Brundtland, l’état de santé de l’environnement mondial présente un bilan alarmant. D'après le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, dans son rapport sur l’avenir de l’environnement mondial, publié à l’occasion du sommet de la Terre Rio + 20 (2012), tous les indicateurs environnementaux sont dans le rouge: autant au niveau de l’atmosphère avec le réchauffement climatique, de l’eau avec les problèmes de pollution des nappes phréatiques et d’approvisionnement, ou encore de la biodiversité avec une extinction importante d’espèces. Ces dégradations s’expliquent en grande partie par le volume des activités économiques.

Les activités de production et celles de consommation s’accompagnent d’un certains nombres d’effets externes négatifs sur l’environnement. Si la population mondiale a augmenté, les modes de vie ont évolué et apparaissent de moins en moins adaptés à notre environnement. Le parc automobile par exemple a doublé ces vingt dernières années, on compte désormais 800 millions de voitures sur Terre en 2005. D’après le géographe canadien Jules Dufour, le nombre de kilomètres parcouru par l’aviation civile a augmenté de 76% entre 1990 et 2000, lorsque le tonnage maritime a doublé sur cette période. Ces modes de transport sont particulièrement consommateurs d’énergies fossiles et émetteurs de gaz à effet de serre (GES). L'augmentation du PIB reste le principal vecteur d’augmentation des émissions de GES. Ainsi depuis 1970, le PIB mondial a été multiplié par 3 et les émissions de GES ont doublé sur cette période.


L’empreinte écologique, indicateur de soutenabilité écologique, mis au point par William Rees et Mathis Wackernagel, montre bien le lien entre PIB et dégradation de l’environnement. On observe une corrélation positive entre le PIB/habitant et le niveau de l’empreinte écologique. Ainsi les Etats-Unis ont une empreinte écologique de 4,6 contre 0,3 pour le Congo, lorsque l’empreinte écologique moyenne mondiale est de 1,5. Cela signifie que si tous les habitants de la Terre vivaient comme un américain moyen, il faudrait 4,6 planètes pour satisfaire tous nos besoins.

Un changement de modèle est nécessaire. Si comme le souligne l’intellectuel allemand Harald Welzer, issu de la mouvance écologiste, le capitalisme et la quête de croissance des sociétés occidentales ont favorisé l’émergence de normes très élevées, liberté, droit, démocratie, ce développement s’est fait au détriment de l’environnement. Au delà de la question de la croissance et du modèle économique, il convient de s’interroger sur les manières d’inventer une société qui puisse conserver l’ambition du progrès social, tout en réduisant l’impact de l’humanité sur l’environnement.

Cela n'est pas aussi simple, comme  nous l'analysions l'an dernier sur le blog dans un article intitulé: "Les négociations climatiques: un sujet chaud !", le jeu géopolitique est particulièrement complexe, le dilemme des négociations climatiques à travers le principe de « responsabilité commune mais différenciée » est qu'il faut tenir compte du passé sans négliger pour autant l’avenir. Si les gros émetteurs du passé (et du présent) sont bien l’Europe et les Etats-Unis, le poids de plus en plus important de la Chine et l’Inde (les gros émetteurs de GES  du futur) dans le bilan carbone mondiale doit être intégré dans les négociations climatiques.

C'est cette complexité qui est mise en scène dans le documentaire « Climat: pas d'alternative, il faut rejouer Copenhague ». A travers un jeu de rôle grandeur nature organisé avec les étudiants de Sciences Po et piloté notamment par Sebastien Treyer et Grégory Quenet, on y comprend les difficultés que comporte la négociation d'un bien commun mondial en l'absence d'une véritable gouvernance mondiale. Il apparaît urgent de réformer «ces grandes messes Onusiennes ». Alors, à quand une Organisation Mondiale de l'Environnement?

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