logo

"Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux" Paul Valéry


blog médias Tribunes Donation etc.

Corrigé de l'épreuve SES, BAC 2013: la mondialisation, les inégalités et les conflits

vendredi 21 juin 2013


Les nouvelles épreuves de baccalauréat en SES ont permis de tester les candidats de l'état de leurs connaissances sur une large partie du programme. En proposant, quelques rapides éléments de correction sur les deux sujets proposés cette année, nous pouvons nous rendre compte que les savoirs issus de la sociologie et des sciences économiques permettent aux élèves suivant l'enseignement de SES de mieux comprendre les grands enjeux économiques et sociaux du monde contemporain.

Deux sujets étaient proposés aux élèves. L'épreuve composée teste la capacité des élèves à restituer des connaissances, à analyser un document et à rédiger un texte argumenté. La deuxième partie (analyse) met en avant les profondes inégalités de patrimoine en France. A partir d'un tableau de l'INSEE  publié en 2011, on constate que les 10% les plus riches en France possèdent 48% du patrimoine total, lorsque les 10% les plus pauvres possèdent moins de 0,5% du patrimoine totale. Lorsqu'on s'intéresse à la moitié de la population la plus riche, on constate que les 50% plus riches des français possèdent en 2010, 93% du patrimoine total.

La troisième partie (argumentation) demandait aux élèves d'expliquer que les conflits sociaux peuvent être un facteur de cohésion sociale. De nombreux exemples d'actualités peuvent être mobilisés par les élèves sur cette question, on pense tout récemment aux manifestions au Brésil, celles en Turquie visant à dénoncer le tournant autoritaire du pouvoir, les révolutions du printemps Arabe ou encore le mouvement des indignés. Alors que le conflit est souvent perçu comme source de désordre social, on a tous en tête les images d'émeutes ou de débordements à la suite de manifestations « houleuses » il apparaît que les conflits peuvent participer à intensifier les liens sociaux entre les individus membres de la société, et à renforcer les solidarités entre eux. Pour Karl Marx, les conflits sont le moteur de l'histoire. On peut mettre en avant l'efficacité des conflits pour améliorer le partage des richesses issus des activités de production, obtenir des protections pour les travailleurs. Les accords de Grenelle suite aux grèves de mai 68 ont abouti par exemple sur une augmentation de 35% du salaire minimal. Les conflits sont souvent à l'origine des acquis sociaux et des différents dispositifs de solidarité. De la même manière, le conflit permet de créer l'unité d'un groupe, il participe à la socialisation politique des individus s'engageant dans le conflit et contribue à diffusion de valeurs communes, parfois nouvelles, entraînant parfois des changements sociaux et culturels importants.

Le sujet de dissertation interrogeait les élèves sur les déterminants des stratégies d'internationalisation de la production des firmes multinationales. Les FMN disposent d'unité de production dans plusieurs pays, le sujet invite ainsi à s'interroger sur les motivations des entreprises à s'implanter dans différents pays. Les FMN à travers les investissements directs à l'étranger jouent un rôle central dans la mondialisation dont l'une des caractéristiques est la fragmentationinternationale des processus productifs.

On peut mettre en avant deux objectifs principaux des entreprises qui orientent leurs stratégies de localisation: la recherche des coûts minimum et la volonté d'innover. Dans le premier cas, on peut évoquer plusieurs critères permettant de comprendre pourquoi une entreprise s'installe dans un pays et pas dans un autre:

- l'approvisionnement en matière première à moindre coût. L'entreprise Michelin par exemple pour produire des pneus possèdent 6 exploitations d'Hévéa au Brésil et au Nigéria dans le but de se fournir en ressources primaires;
- la fiscalité d'entreprise avantageuse. L'entreprise Amazon a installé son siège social européen au Luxembourg où elle bénéficie d'une fiscalité défiant toute concurrence;
- la  distance entre les lieux de production et les marchés de consommateurs. La baisse des coûts de transport passant de 7,7% du prix des importations CAF en 1970 à 6.3% en 2000 a permis aux entreprises de s'installer plus loin des grands marchés de consommateur (USA, Europe) au profit des régions au faible coût de main d'œuvre;
- le faible coût du travail pour les secteurs d'activité dont la production est intensif en main d'œuvre. Dans le secteur textile par exemple, nécessitant un grand nombre de travailleurs (comparé aux besoins technologiques), on comprend qu'une entreprise préfère s'installait en Inde, au Vietnam ou au Pakistan où le coût horaire du travail est inférieur à 1$ qu'en Europe où le coût horaire est de 28,17$ en Allemagne, ou de  21,61$ en France dans le textile. Cependant, d'après le Baromètre Ernst&Young de l'attractivité en Europe publié en 2009, les motivations liées au coût de production ne sont pas les premiers critères cités par les entreprises comme élément central dans leurs choix d'implantation. En effet, Pour près de 50% des 809 décideurs internationaux interrogés la qualité des infrastructures logistiques mais également la qualité de la main d'œuvre sont les critères importants alors que 45% des entrepreneurs considèrent important le coût de la main d'œuvre et seulement 35% d'entre eux jugent important le niveau de flexibilité du marché du travail comme critère d'implantation.

Ainsi, dans un deuxième temps il apparaît que d'autres éléments motivent les choix d'internationalisation de la production des FMN. Les entreprises sont en concurrence sur un marché et le meilleur moyen d'affronter la concurrence et donc de pérenniser son activité dans le temps, reste la capacité à innover et à se différencier des concurrents. C’est ce que les économistes nomment la compétitivité hors-prix. En effet, Pour Joseph Schumpeter, l'entrepreneur est marqué par sa soif d'innovation, il est un aventurier doté d'un fort esprit d'initiative et d'un goût pour le risque. C'est d'ailleurs l'un des éléments qui justifiera dans certains cas la forte rémunération des dirigeants des entreprises innovantes. Certains éléments vont donc influencer les choix d'implantation des entreprises comme le niveau de qualification de la main d'œuvre ou encore les technologies disponibles. Ainsi, par exemple, l'entreprise Michelin a installé un centre de technologie aux USA, en France et aux Japon, trois pays dont le niveau de capital humain est particulièrement élevé. 

Un pays qui souhaite attirer les entreprises doit en effet mettre en place des mesures en direction de la compétitivité-prix de son territoire, comme le rapport Gallois le préconise, mais ne doit pas négliger sa compétitivité hors-prix. On peut s'interroger cependant si la division international des processus productifs ne met pas les modèles sociaux des pays en concurrence de manière excessive, mettant en péril un certains nombres d'acquis sociaux.

La gestion du risque au XVIIIème siècle

mardi 18 juin 2013
Contrairement à EconomicLogic, j'aurais eu tendance à croire que la gestion du risque était une question de bon sens plus qu'une question d'existence d'outils financiers performants ou à une formation en finance. J'avais a priori tort.

Ann Carlos, Erin Fletcher et Larry Neal montrent dans une étude sur la composition financière des entreprises anglaises au début du XVIIIème siècle, peu avant et peu après l'éclatement de la bulle de la South Sea en 1720. 80% des investisseurs de l'époque ne détenaient des actions que d'une seule entreprise alors même que les opportunités d'investissement ne manquaient pas. Une des raisons évoquées par les auteurs est l'existence de règles limitant les droits de vote des détenteurs d'actions, ce qui incitait ces derniers à concentrer leurs investissements dans une seule entreprise. Une telle règle ne peut exister que si les détenteurs d'actions, qui auraient dû justement bénéficier de la diversification, n'avaient pas compris eux-mêmes les avantages de la diversification et de la déconcentration du capital. 

Révise ton bac ES avec l'observatoire des idées

mardi 11 juin 2013


Les sciences économiques et sociales sont à l'honneur dans la série ES, cette discipline a le plus gros coefficient au baccalauréat de la filière avec un coefficient 7 pouvant s'élever jusqu'à 9 si le futur bachelier a choisi l'une des spécialité qui y est rattachée (sciences sociales et politiques ou économie approfondie) . Les SES permettent aux élèves de mieux comprendre les problématiques essentielles dans différentes sciences sociales telles que les sciences économiques, la sociologie ou la science politique.

Les élèves ont la possibilité de trouver en ligne de très bon cours pour réviser le baccalauréat tel que le site Melchior, ou encore ce dictionnaire en ligne proposé par l'académie de Versailles. Au delà des sites dédiés aux SES, les blogs peuvent être une ressource pertinente dans l'optique des révisions du baccalauréat. Nous avons abordé de nombreux thèmes en lien avec le programme de SES à travers différents articles qu'il peut être intéressant de parcourir pour briller au cours de l'épreuve de dissertation.

Bonne lecture !

Sciences économiques

Thème 1 : Croissance, fluctuations et crises


Thème 2 : Mondialisation, finance internationale et intégration européenne


Thème 3 : Economie du développement durable


Sociologie

Thème 1 : Classes, stratification et mobilité sociale


Thème 2 : Intégration, conflit, changement social

Intégration et immigration

Les crimes de haine: exception francaise?

jeudi 6 juin 2013
Bien qu''il soit difficile de définir les crimes de haine - généralement entendus comme un crime envers une personne en raison de son ethnie, de sa religion, de son appartenance à un groupe politique ou de ses préférences sexuelles - et que la tendance de long terme est à la baisse - même s'il y a des sursauts liés à la situation économique ou à l'actualité politique - il demeure une exception française relative à ces crimes. Un rapport de recherche financé par la Commission européenne, désuet car il date de 2005, mais qui s'appuyait sur une large enquête sur le rapport de la population à la sécurité, à la qualité de la police et aux crimes, révélait que la France se caractérisait par une prévalence anormale - la plus élevée de loin en Europe - de crimes de haine. 

Le radar se compose de huit indicateurs (les crimes de haine sont en bas). La première zone du radar représente la moyenne européenne. La France se distingue par une moindre criminalité ressentie que la moyenne européenne sur les vols ("robbery") ou sur les crimes de vengeance ou de punition ("punitivity"). Pour cette raison la partie foncée du radar est plus petite que la première zone sur ces axes. En revanche, la France dépasse largement la moyenne européenne sur les crimes de haine. 
On pourrait pense que la diversité de la population française serait à l'origine d'un tel phénomène. On peut donc comparer avec le Royaume-Uni ou les Pays-Bas qui ont également une population diverse et où des problèmes d'intégration ont été constatés. Le résultat sur les crimes de haine est bien moins important mais il est intriguant de voir que les crimes de punition sont bien plus élevés qu'en France. Il n'y a peut-être pas plus de crimes de haine en France mais, en tout cas, les personnes qui en sont victimes ou qui pourraient l'être se définissent comme telles. C'est peut-être ça l'exception française. 




Une fracture mondiale sur l'acceptation de l'homosexualité

mardi 4 juin 2013
Le Pew Research Center vient de publier un rapport sur la manière dont l'homosexualité est acceptée à travers le monde. Les résultats d'un sondage réalisé sur les préférences des individus montrent sans surprise un lien positif entre laïcité et acceptation de l'homosexualité. L'étude révèle également que les pays les plus influents sont ceux qui acceptent le mieux l'homosexualité. Une ligne défendue également par le géographe Richard Florida au niveau national dans son essai The Rise of the Creative Class: les villes qui intègrent le mieux la diversité (homosexuels, minorités ethniques et femmes) sont celles qui innovent le plus. La raison est que les personnes talentueuses ont souvent plus de mal à s'intégrer dans des villes où la mixité est faible et choisissent donc de partir vers des villes à forte mixité. 

Voici quelques résultats de l'enquête du Pew:


  • Une corrélation entre tolérance vis-à-vis de l'homosexualité et un indice de religiosité




  • Une carte de la légalisation du mariage pour tous dans le monde:




  • Une carte du pourcentage de personnes pensant que la société doit accepter l'homosexualité: