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"Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux" Paul Valéry


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Carte interactive des famines

mardi 26 juillet 2011
Depuis plusieurs jours, un risque avéré de famine dans la Corne de l'Afrique nécessite une aide de 1,5 milliards de dollars. Il faudrait si peu pour éradiquer la famine...


Dernière chance de sauver la Grèce

lundi 25 juillet 2011
Je viens de lire cet article de Frédéric Lemaître et Philippe Ricard dans le Monde à propos de la nuit de négociations entre Sarkozy et Merkel puis entre les deux et Trichet à propos du sauvetage grec:

"Pour une fois, c'est le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, qui se montre le plus dur : il prône une restructuration lourde de la dette grecque. Mais se dit prêt à élargir, et assouplir, les outils d'intervention du Fonds européen de stabilité financière (FESF), créé dans l'urgence au lendemain du sauvetage de la Grèce en mai 2010, afin d'endiguer l'éventuelle tempête que suscitera un défaut du pays. Angela Merkel ne veut pas se laisser entraîner vers la refonte du FESF. Elle craint que sa propre majorité bloque une telle réforme, pourtant recommandée par le Fonds monétaire international, la BCE et la Commission.

Pour convaincre Angela Merkel, Nicolas Sarkozy brise un tabou : va pour le défaut partiel, à condition de réformer le Fonds de sauvetage, dans l'espoir de limiter les risques de contagion."

Qu'en pense Trichet à son arrivée?

"[Trichet] expose "très vigoureusement", selon un participant, les problèmes que pose un défaut partiel de la Grèce, et comment il entend protéger la BCE et la zone euro de ses conséquences. Pour le convaincre, les Etats doivent s'engager à garantir les flux de liquidités entre son institution et les banques grecques pendant la durée du défaut partiel. Et le fonds de secours doit être en mesure de recapitaliser les banques mises à terre par la tempête. Jean-Claude Trichet ne s'engage pas explicitement devant la France et l'Allemagne."


Si la nécessité d'un défaut partiel grec, partagé avec les investisseurs privés en échange de garanties de liquidité état la solution la plus crédible. Ce qui en revanche inquiète les marchés mais n'a pas été clairement annoncé est le soutien du Fonds européen de stabilité financière aux financeurs des pays en risque de défaut, comprenez la France et l'Allemagne.

C'est que je disais moi-même dans le Monde:

"La dernière solution, la plus crédible, consiste à restructurer la dette grecque. La restructuration prendrait ici la forme d'un échange à parité entre les anciens et les nouveaux titres de dette grecs. Les nouveaux titres émis auraient une durée plus longue et des taux d'intérêt relativement bas, par exemple de 1 point supérieur au taux d'intérêt allemand. Pour les créanciers, essentiellement la Banque de France et la Bundesbank, la valeur réelle serait diminuée : plutôt que de recevoir un remboursement d'un euro aujourd'hui, ils recevraient un euro dans trente ans, ce qui a moins de valeur monétaire. Mais la perte des créanciers est uniquement virtuelle : le montant de la créance en lui-même n'a pas changé. Mieux encore, la revente massive des anciens titres de dette grecque va accélérer la diminution de sa valeur d'échange sur les marchés.

Le rôle du Fonds européen de stabilité financière et du Mécanisme européen de solidarité serait alors moins le soutien aux pays en difficulté de financement que le soutien aux banques européennes – publiques ou privées – qui détiennent la dette pourrie des pays en difficulté. Un tel mécanisme ferait d'ailleurs de la dette pourrie un actif viable. La Banque centrale européenne n'aurait plus à acheter des titres sur le second marché mais serait prêteur de dernier ressort auprès des créanciers de la Grèce et peut-être plus tard des autres PIGS."

Prix de l’essence: le grand cafouillage gouvernemental

mercredi 20 juillet 2011
Depuis l’annonce de Total d’une hausse de 4% des prix de l’essence, deux ministres s’opposent. D’un coté Xavier Bertrand crie haut et fort que les pétroliers répercutent plus à la hausse les cours du baril de pétrole sur l’essence qu’à la baisse ; de l’autre, Eric Besson affirme martèle, études à l’appui, que la répercussion à la baisse est aussi forte que la répercussion à la hausse.

Trois études sont régulièrement citées dans les médias français. La première, publiée en mai dernier par la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), relève que les pétroliers ne répercutent pas intégralement à la pompe la baisse des cours du pétrole brut. Alors que les prix auraient dû baisser de 6 centimes dans la première quinzaine de mai dernier, ils n’ont baissé que de 3,9 centimes dans les grandes surfaces et de 3 centimes dans les stations des grands groupes pétroliers. Elle ne concerne cependant qu’une période courte, à peine une quinzaine de jours.

Plus récemment, un article scientifique d’un groupe d’économistes de l’ESG - dont mon frère fait partie - a montré à partir de données de panel sur les vingt dernières années incluant des contrôles sur la parité euro-dollar et sur les changement de fiscalité subies par le secteur que les pétroliers répercutent plus à la hausse qu’à la baisse les prix du pétrole. Une hausse de 1% du prix du pétrole entraîne une hausse de 0,12% des prix du gazole tandis qu’une baisse de 1% des prix du pétrole ne se traduit que par une baisse de 0,07% des prix à la pompe. L’industrie pétrolière étant une industrie de « gros sous », chaque centime de marge supplémentaire rapporterait 1,4 million d'euros par jour aux pétroliers, d’où leur réticence à répercuter rapidement les baisses de prix.

Une dernière étude, commandée par Eric Besson, à la Direction générale de l’énergie et du climat, veut casser les arguments des deux études précédentes : les variations du cours du pétrole seraient répercutées sur les prix à la hausse comme à la baisse. Seulement l’étude ne concerne qu’une période de deux mois et les répercussions ne sont pas analysées au jour le jour : les pétroliers finissent donc toujours par répercuter les baisses de prix de carburants mais ils manquent de réactivité volontairement pour dégager un maximum de marge.

Google+: une expérience sociale

lundi 18 juillet 2011






Google + est le nouveau service social de Google. Potentiellement un concurrent de Facebook, des rumeurs avancent qu’il compte déjà plus de 10 millions d’utilisateurs. Comme tout concurrent venu prendre des parts de marché, G+, comme l’appellent les adeptes, est très différent de Facebook:

1. La notion de « Cercles » est sans doute l’élément différenciateur. Sur Facebook, ce que vous partagez, vous le partagez avec tous vos « amis ». Votre mère, vos meilleurs amis et votre petite cousine de 10 ans verront la vidéo rap hardcore postée sur votre mur. A l'inverse, Google+ vous demande avec quel cercle, auparavant créé par vos soins, vous voulez partager. On parle de micro-ciblage, un concept que Facebook n’a pas encore adopté.



2. D’autre part, le partage est symétrique comme sur Facebook: vous voyez ce que partagent vos cercles qui voient à leur tour ce que vous partagez. Seulement sur G+, le partage peut devenir asymétrique comme sur Twitter. Ceux qui vous ajoutent dans un cercle sont capables de voir ce que vous partagez du moment que vous cochez la case « public » avant de poster quelque chose. Vous partagez alors avec tous ceux qui vous incluent dans un de leurs cercles que vous les incluiez ou pas: c’est un peu comme un Tweet à tous ceux qui vous suivent. Avec cette simple option, Google+ semble avoir créé un véritable Avatar des deux géants du partage social.

3. Le potentiel de G+ est effrayant lorsque que l’on pense à la taille de Google et à la diversité de ses services. Facebook a essayé de se déployer sur le web, de se rendre indispensable et de devenir un portail pour votre expérience digitale, grâce à son option « Facebook Connect ». Seulement Google est déjà très déployé sur la toile. Alors que Facebook a essayé de vous convaincre d’adopter une adresse mail Facebook, vous avez déjà une adresse Gmail depuis quelques années. Pensez au nombre de sites où vous avez utilisé cette dernière, au nombre de fois où vous avez déjà cliqué sur le bouton +1, aux blogs où vous avez des amis Google, au nombre de services Google que vous utilisez déjà. Imaginez toutes les vidéos Youtube du Web avec un bouton « Partager sur Google + » et le tour est joué pour le géant désireux de conquérir la sphère sociale.




4. Le but de Google reste toutefois le fameux « organiser l’information du monde ». Seulement le concept prend désormais une dimension très personnalisée et l’option « Sparks » donne une nouvelle dimension au traditionnel « News Feed » de Facebook. En effet, G+ offre deux genres de « Feeds » :

a. Le « Stream ». est l’équivalent du « News Feed » avec l’option intéressante de pouvoir montrer ce que partage chacun de vos cercles individuellement;

b. « Sparks » est l’innovation. C’est une concentration des différents centres d’intérêts d’une personne. Un peu comme Tumblr, c’est une veille algorithmique qui traque sur le Web les pages et les articles susceptibles d'être en relation avec les sujets que vous aurez sélectionnés.

C’est ainsi que Google+ devient le paradis de ceux qui veulent centraliser et organiser leur consommation journalière d’information. Là où Facebook ne leur donne aucun outil pour le faire, Google+ offre une barre sur le côté où l’on choisit de voir le flux d’un de nos cercles (Stream sélectif) ou alors les informations en relation avec nos centres d’intérêts issus du Web (Sparks). Il y a donc deux flux d’informations : le flux social (auparavant propriété de Facebook) et le flux des centres d’intérêt (auparavant chasse-gardée de Twitter).

5. La simplicité. On a l’impression que Google a changé son approche du design. Au sein de la compagnie, comme le souligne Steven Levy dans son article sur Wired, les cadres imaginent le produit final désormais en termes d'User Experience (UX) et travaillent à rebours pour construire l’infrastructure qui va le sous-tendre. C’est la raison derrière les récentes remises en forme de Google Agenda, de Google Mail, du principal site Google de recherche et de la barre noire qui s’affiche désormais au-dessus de tous les sites reliés à Google.


6. Google+ aura besoin d’atteindre une taille critique, et donc un nombre d’utilisateurs assez grand, avant de devenir compétitif. Il fait face finalement à un quasi-monopole. Facebook a en effet l’avantage du premier arrivant. Cela fait un certain nombre d’années que Facebook n’a aucun adversaire en vue et qu’il se permet des expériences. Mais Google+ jouit de la pleine puissance de Google et se présente d’ores et déjà comme un prétendant sérieux et redoutable. C’est en cela que G+ est une expérience sociale. Son succès dépendra de sa capacité à concurrencer les quasi-monopoles que sont Twitter et Facebook et sa capacité à comprendre nos motivations à changer (ou à superposer) de réseau social. Ces motivations dépendent du nombre d’amis dans l'un et dans l'autre, de la nouveauté du service, de son originalité, de la protection des données, etc. Les chiffres d’adoption à venir seront, nano-économiquement, très révélateurs des motivations de la migration sociale.

Voici donc les remarques de l’Observatoire, nous attendons toutefois les vôtres et bien sûr, comme promis, les 40 premières personnes à avoir commenté et « like » sur Facebook en laissant leur adresse mail auront droit à une invitation G+ !

Cartographie de la blogosphère politique (2007-2011)

mardi 12 juillet 2011
Une excellente cartographie de la blogosphère politique à découvrir en cliquant sur l'image.


Pour redonner du pouvoir d’achat, supprimons les dividendes!

lundi 11 juillet 2011




Le pouvoir d’achat va constituer l’enjeu des prochaines échéances électorales en France. En effet, la promesse d’augmenter le pouvoir d’achat n’ayant pas vu le commencement d’un début de réalisation, le prochain Président, ou la prochaine Présidente, aura pour mission, avec son Gouvernement, de proposer des solutions concrètes pour traiter ce problème urgent.

Des solutions pour accroître le pouvoir d’achat
 
La question du pouvoir d’achat est liée à celle des salaires : en ce domaine pas de miracle possible à court terme. En effet, puisque les salaires dépendent de la productivité des salariés, l’augmentation de celle-ci nécessite des actions de fond dont les effets ne pourront être réalisés qu’à moyen terme. A court terme toutefois, il existe des solutions.

Une première solution réside dans la détermination d’un prix maximum aux biens de consommation courante pour éviter que la hausse des prix ne pénalise le pouvoir d’achat. Une seconde solution consisterait à augmenter les salaires mais elle comporte des risques inflationnistes. Une troisième solution reviendrait à bloquer le prix des loyers puisque ceux-ci constituent une part importante de la consommation des ménages.

Une dernière solution réside dans un partage plus juste de la valeur ajoutée. En effet, celle-ci est répartie pour les deux- tiers en salaire et pour un tiers en profit. Le rapport Cotis explique le faible dynamisme des salaires -et par conséquent la stagnation du pouvoir d’achat- par la faiblesse de la croissance économique et l’augmentation prélèvements sociaux. Le salaire net stagne mais les salaires différés ont augmenté et bénéficient au salarié. On peut toutefois rétorquer qu’une plus forte croissance aurait certes contribué à accroître les salaires, mais elle n’aurait en rien modifié la répartition de la valeur ajoutée entre profits (33 % de la valeur ajoutée) et salaires (67 % de la valeur ajoutée). C’est sur cette répartition qu’il convient de réfléchir.

La part des dividendes dans le profit est excessive

D’après le rapport en effet, le profit (33 % de la valeur ajoutée) est réparti entre investissement (57 % des profits soit 19 % de la valeur ajoutée), épargne salariale (7 % des profits soit 2 % de la valeur ajoutée) et les revenus distribués aux propriétaires du capital c’est-à-dire les dividendes (36 % du profit soit 12 % de la valeur ajoutée). Si l’investissement des entreprises est bien entendu indispensable pour une économie et que l’épargne salariale constitue un complément de salaire toujours trop faible mais appréciable, on pourrait très bien utiliser les dividendes pour accroître les salaires, ce qui revient à diminuer –voire à supprimer- les dividendes.

Le double revenu des actionnaires n’est pas justifié

En effet, le système des dividendes implique que les détenteurs de capital (les actionnaires) sont rémunérés deux fois : une première fois par la valorisation du titre et les perspectives de revente ; une seconde fois par les dividendes versées par l’entreprise aux actionnaires. Comme rien ne justifie que les actionnaires soient payés deux fois, il serait possible de supprimer l’un de deux modes de rémunération des actionnaires :

- soit l’on supprime le gain à la revente, ce qui signifie que le prix obtenu lors de la cession d’une action revient à la collectivité publique, l’actionnaire conservant toutefois la possibilité de percevoir des dividendes aussi longtemps qu’il détient l’action ;

- soit on supprime les dividendes. Ceux-ci seraient transformés en investissement, ce qui accroîtrait la croissance de long terme- ou en salaires.
La suppression des dividendes : une solution pour accroître le pouvoir d’achat par le salaire ou l’investissement

La suppression des dividendes permettrait de redistribuer plusieurs centaines de milliards d’euros en faveur des salariés. La part des salaires passerait ainsi à 79 % de la valeur ajoutée si l’ensemble des dividendes leur était alloué. La suppression des dividendes serait en outre sans conséquence pour la croissance économique puisque la part consacrée à l’investissement resterait stable à 19 % de la valeur ajoutée. Elle pourrait même augmenter si l’on transforme les dividendes en investissement : celui-ci pourrait atteindre jusqu’à 93 % des profits soit 31 % de la valeur ajoutée.

Pour mettre en oeuvre une pareille révolution, il faudrait inciter les entreprises à investir davantage. Une réduction de l’impôt sur les sociétés en fonction des profits réinvestis est une solution régulièrement évoquée. Pour s’assurer que les profits ne sont pas redistribués en dividende, on peut également inciter –ou obliger- les entreprises à rémunérer davantage leurs salariés ou encore légiférer pour interdire le versement de dividendes aux actionnaires.
La suppression des dividendes produit des externalités positives

La suppression des dividendes a plusieurs avantages : d’une part, elle est conforme à la théorie économique la plus classique puisqu’en situation de concurrence pure et parfaite, le profit –donc le dividende- s’annule parce que les entreprises se concurrencent par les prix. Il est ainsi amusant de constater que la suppression des dividendes, si décriée par les capitalistes, rend effectif le modèle économique classique.

Par ailleurs, si les actionnaires ne sont rémunérés qu’à la vente de leurs titres (à la manière d’un propriétaire immobilier) et non plus par les dividendes perçus, ceux-ci se retrouveraient contraints à… travailler ! et non pas à attendre les fruits d’une rente. On réaliserait ainsi de façon figurée le vieux rêve de Keynes qui appelait à l’euthanasie des rentiers. Plus personne ne pourrait vivre de sa rente puisque tout le monde serait dans l’obligation de travailler. Les anciens rentiers ne seraient pas perdants pour autant, puisqu’ils bénéficieraient de l’accroissement de la part des salaires dans la valeur ajoutée pour se voir proposer des salaires décents, et que leur participation au marché du travail est un facteur de croissance économique.

Procrastination : nous avons l’antidote

mercredi 6 juillet 2011







 "Si j'ai vu si loin, c'est que j'étais monté sur des épaules de géants" Newton.


Le géant sadique

Il s'agit de Dan Ariely, économiste comportementaliste aux expériences aussi ingénieuses que controversées. Dans l’une de celles auxquelles ses élèves ont été soumis, il a donné à trois classes trois devoirs identiques à rendre avant la fin du semestre. Rien de bien original me direz-vous...sauf que les trois classes n'avaient pas les mêmes règles du jeu. La classe 1 avait une liberté totale quant à la date de rendu des trois devoirs; la classe 2 n’en avait pas du tout : les élèves devaient rendre chacun des trois devoirs à trois dates précises; et la classe 3 avait une semi-liberté : les élèves devaient rendre chacun des trois devoirs à une date précise aussi mais qu'ils pré-déterminent au préalable.

Au bout du semestre, la classe ayant le mieux performé était la classe 1. Celle qui a le moins bien performé est la classe 2. La classe 3 a performé largement mieux que la classe 2. Munis d’un outil pour s’autocontrôler, les élèves, même sans suivi quelconque réussissent à surmonter leur désir de procrastiner et se fixent des délais de rendu plus stratégiques.

Le géant venu du Nord

Une expérience menée à l’université de Copenhague au Danemark se penche sur la distraction des employés au travail. L'expérience consiste à demander à un nombre de participants de compter le nombre de passes de ballon que se font des personnes. La moitié des participants est soumis à une distraction : ils doivent regarder une vidéo comique avant de compter le nombre de passes. L’autre moitié des participants peut ou non regarder la vidéo comique ou se contenter d'entendre le reste du groupe jubiler devant les sketchs sans regarder. Alors que l’on pourrait s’attendre à ce que le groupe distrait ait sous-performé, c'est l'opposé qui se passe. Le groupe interdit de vidéo comique commet systématiquement plus d’erreurs que l’autre groupe.

A ce stade, vous pourriez conclure que les gens heureux (ou qui sont libres de faire ce qu'ils veulent du moins) sont plus performants. Cela s'applique à la lutte contre la procrastination: comprendre l'importance de la distraction et de la jouissance immédiate qu'elle apporte, c'est comprendre la lutte contre l'art de remettre tout à demain.

Le géant gourmand

Souvent pour décrire ce qu’est la procrastination, on a recours à cette expérience hilarante. L’attitude des enfants face aux friandises est révélatrice de la réaction d’un adulte face à une source de distraction mais elle fournit surtout une définition plus fine de la procrastination: c’est le fait d’opter pour une rémunération de court-terme potentiellement plus faible mais immédiate aux dépens d’une rémunération de long-terme potentiellement plus importante mais lointaine. Notons par ailleurs que ces enfants sont très représentatifs de la population américaine, incapable d’épargner et en proie à un symptôme dépensier.

Dans une expérience menée par Baumeister, Bratslavsky, Muraven, et Tice en 1998, les participants, encore à jeun, sont mis en face de cookies au chocolat et de radis. On demande à la moitié du panel de manger les radis et à l'autre moitié de manger les cookies. Ensuite, les deux groupes doivent résoudre un puzzle insolvable, détail dont on ne les informe évidemment pas. Ceux qui ont mangé des radis tiennent 9 minutes, deux fois moins que ceux qui ont mangé des cookies.

Cette expérience fait écho à l’étude de Copenhague, les cookies étant l’équivalent de la vidéo drôle. Privés d’une distraction apparente, les participants sont moins productifs laissant penser qu’un employé dont l’accès à Facebook ou autre serait interdit pendant les heures de travail sera également moins productif.

Sur les épaules des géants

Interdire ou s’interdire toute forme de distraction est donc contre-productif. Baumeister et Bratslavsky appellent cela l’épuisement de l’égo. Les deux psychologues considèrent que la concentration est un muscle qu’on ne peut étirer indéfiniment. Voilà l’antidote à notre poison quotidien de remettre tout au lendemain.

Si on en revient à l'expérience d'Ariely, la solution idéale se trouve dans la classe 3: une semi-liberté. Dans la vie de bureau de tous les jours, cela signifierait l’avènement d’un nouveau genre de pause café. La pause Facebook au bureau s'avère donc positive pour l'organisation du travail. Elle doit cependant être de durée limitée (deux fois quinze minutes par jour). La pause doit être une récompense - et non une opportunité manquée qui nous obsède - et elle peut être productive. De l'impact positif de la machine à café où les collègues échangent - on parlera de liens faibles - à la nécessité pour chacun de développer ses projets personnels, la pause est le meilleur remède à la procrastination.

Réforme du lycée: comment enseigner les SES?

mardi 5 juillet 2011
Vincent Levrault et Simon Porcher, deux observateurs des idées, ont écrit une note sur la place des Sciences Economiques et Sociales au lycée pour le think-tank Terra Nova.

Cliquez ici pour lire la note.

Mauvais marketing

lundi 4 juillet 2011

Les marques sous-estiment parfois la nécessité d'une stratégie sémantique...pour notre plus grand plaisir. On imagine Starbucks appeler son nouveau café le "Cacaccino".