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"Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux" Paul Valéry


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La fin de la propriété privée

vendredi 29 avril 2011
Le taux d’équipement des ménages français est impressionnant. Quasiment la totalité des ménages a un réfrigérateur, 98% ont un téléviseur, 80% ont un four à micro-ondes sans compter les congélateurs, les ordinateurs, les téléphones mobiles, etc.

Pendant des milliers d’années pourtant, l’être humain a vécu dans un mobilier vide ou dans la pénurie rêvant probablement de posséder des équipements qui amélioreraient ses conditions de vie. Bush, Sarkozy et tant d’autres hommes politiques ont rêvé de faire de leurs administrés des petits propriétaires. Dans un billet récent, j’évoquais à quel point la possession privée pouvait être économiquement non-viable si elle amenait au développement du crédit et in fine à une création monétaire irréaliste. Sans retour au communisme ou à la propriété collective, la décennie à venir sera celle du partage dicté par de nouvelles formes de consommation.

Le partage de l’information sur des réseaux sociaux comme twitter ou facebook a changé la donne. Dans un monde où l’information est de plus en plus dense et de plus en plus grande, son partage et sa remontée par des connecteurs permettent de noter des points importants. De la même manière, avec l’urbanisation croissante, le partage des biens durables comme celui de l’information devient nécessaire car nous sommes de plus en plus nombreux dans un espace de plus en plus restreint.

Le modèle de la propriété privée a perdu de son sens avec la dématérialisation d’une grande partie de l’économie. La propriété devient de plus en plus immatérielle et donc plus facilement partagée, du moment qu’elle est gratuite. Un récent journal américain a décidé de faire payer son contenu mais laissera libre les liens qui sont partagés sur les réseaux sociaux. La gratuité et le partage sont le modèle économique de demain et quelque part le marché rêvé des plus libéraux : moins de barrières à l’entrée, une ouverture des marchés, moins de coûts de production, un libre-échange garanti. Demain nous regarderons le XXème siècle comme celui de la possession ostentatoire et de l’accumulation sans fin.

La sortie de l'euro n'améliorera pas le pouvoir d'achat des salariés

lundi 25 avril 2011




Après la crise de la dette irlandaise, grecque, et maintenant portugaise et espagnole, la nouvelle brillante idée d'une certaine partie de la classe politique serait la sortie de l'euro. Elle seule permettrait de retrouver croissance, compétitivité, emploi et surtout pouvoir d'achat puisque l'euro aurait multiplié les prix par six (1 euro= 6,55957 F).

Autant le dire d'entrée, l'idée n'est ni faisable techniquement, ni opportune politiquement, ni souhaitable économiquement. Une telle proposition n'apportera que des désavantages, au point que l'on peut se demander si ses promoteurs peuvent bien qualifier d'"idée" une telle mesure.

D'un point de vue technique tout d'abord, la sortie de l'euro n'est pas prévue dans les traités. Tous les pays membres de l'UE se sont engagés à entrer dans l'Union Economique et Monétaire en rejoignant l'UE à l'exception du Royaume-Uni qui a négocié une clause d'opting-out et le Danemark. Tous les autres pays ont vocation à rejoindre l'euro lorsque les conditions d'adhésion (inflation, taux de change, taux d'intérêt, dette) sont réunies. Ainsi la Suède, toujours hors de l'euro, viole-t-elle les traités puisque l'adhésion à l'euro est, pour ce pays, une obligation.

Il est vrai qu'un traité peut-être révisé et que chaque membre de l'UE peut demander sa sortie de l'euro. Toutefois, la révision des traités sur un point aussi fondamental nécessite l'unanimité des membres de l'UE. Par ailleurs, un telle négociation a un coût puisqu'elle mobilise des équipes pendant de longs mois et qu'il faut recréer la monnaie d'origine. Il faut encore rendre cette monnaie crédible et forte, ce que l'actuelle crise économique rend problématique. Une dénonciation du traité de Lisbonne et des traités européens, acte unilatéral, provoquerait quant à elle une crise politique majeure avec les autres pays membres de l'UE qui restent nos principaux partenaires économiques, et aurait pour inconvénient de suspendre toutes les politiques de l'UE. La sortie du marché commun serait désastreuse pour l'économie française dont plus des deux-tiers du commerce est réalisé à l'intérieur de l'UE.

Surtout, la sortie de l'euro ne résoudra pas le problème de la dette des états et du pouvoir d'achat des salariés. L'euro est en effet une monnaie puissante, non parce que sa parité avec le dollar est élevé (1€= 1,46 $) mais parce que 40 % du commerce international est libellé en euro et qu'il constitue la deuxième réserve de monnaie du monde avec 25 % des stocks des banques centrales. Cela permet d'une part d'importer à moindre coût: l'amélioration du pouvoir d'achat passe ainsi par des importations peu onéreuses (pétrole, technologie). Cela donne également la possibilité de s'endetter à moindre frais puisque la confiance des investisseurs conduit ces derniers à exiger un taux d'intérêt faible comparée à une monnaie moins puissante et moins stable. Aucun pays de l'UE, pas même l'Allemagne, première économie d'Europe, ne parviendrait, seul, à susciter une confiance dans sa monnaie nationale comparable à celle dont jouit l'euro. Toute sortie de l'euro, y compris pour un pays comme la quatrième puissance économique mondiale, se solderait par une remontée des taux d'intérêt et par une diminution du cours de sa monnaie.

Les salariés seraient alors doublement perdants: d'une part, l'augmentation de la charge de la dette conduirait à terme à une augmentation des impôts; d'autre part, la diminution du cours de la monnaie renchérirait le coût des importations, diminuant ainsi le pouvoir d'achat des salariés. Les exportations françaises ne seraient pas ou peu stimulées puisque nos pertes de parts de marché viennent moins de la compétitivité-prix et coût de nos entreprises que de la qualité de l'offre des produits français.

Pourtant la crise de la zone euro semble montrer que l'euro ne protège pas les Etats européens. Malgré une monnaie commune, les taux d'intérêt divergent au point que la dette de certains états est jugée insoutenable provoquant une crise de la dette. En outre, le cours élevé de l'euro empêcherait toute sortie de crise. Puisque l'euro ne protège pas de la crise, est-ce-à-dire que la sortie de l'euro est la solution? Il n'en est rien. Loin d'être une conséquence de l'euro, l'actuelle crise de la dette invite à repenser la place de la dette dans les économies (un prochain billet sera consacré à la dette dans la zone euro).

L'économie du "juste ce qu'il faut"

jeudi 21 avril 2011






Les incertitudes sur la dette grecque, le sur-développement du crédit en Espagne, le développement du crédit aux Etats-Unis, l'émergence d'une classe moyenne en Inde et en Chine pèsent sur les certitudes de développement à long-terme. Les incertitudes sur la stabilité du système financier international et sur l'utilisation durable du capital environnemental nous amène à un constat certain: « juste ce qu’il faut » doit être le mot d’ordre des nouveaux modèles de développement. Les pays en développement n’ont pas besoin d’une voiture avec climatisation et GPS. Ils veulent une voiture qui leur permette de se déplacer. L'attention doit être portée sur les pays en développement car ils sont dans les prochaines années le moteur de la croissance mondiale.

Les pays industrialisés ont une croissance en berne, un chômage grandissant et finalement un impact décroissant sur l'environnement. Leurs industries doivent toutefois réaliser les efforts de modernisation nécessaires, peut-être en payant une taxe carbone qui les inciterait à développer et à utiliser des énergies propres.

Les déséquilibres mondiaux sont également politiques. Les Etats-Unis se sont lancés depuis fin 2010 dans une politique d'assouplissement monétaire qui n'a qu'un seul objectif, celui de diminuer les taux d’intérêt sur les obligations d’Etat pour lui permettre d’emprunter à des taux bas et ainsi soutenir la croissance en donnant plus de richesse et plus d’incitations à dépenser et in fine maintenir le niveau des titres mobiliers et immobiliers. L'inflation devrait cependant augmenter en même temps que la masse monétaire. Quel est alors l’intérêt des pays émergents - en premier lieu la Chine - de garder du dollar si l’inflation monte et que les taux d’intérêt sont plus bas ?

Les pays émergents, pour profiter de la consommation américaine, achètent massivement du dollar sur le marché des changes afin de maintenir leurs produits à un niveau de prix "bon marché" pour les Etats-Unis. Ils ne souhaitent pas que leur monnaie s’évalue trop vite pour exporter leurs produits vers les Etats-Unis mais ils ponctionnent leur propre croissance. Larry Summers estime que la sous-évaluation du dollar par rapport aux monnaies asiatiques ponctionne de 2 points la croissance mondiale. La Chine détient 3000 milliards de réserves en dollars, un montant qui serait plus rentable s'il était investi dans une protection sociale pour la population chinoise et dont la rémunération va diminuer avec l'assouplissement monétaire américain.

L'économie du "juste ce qu'il faut" impose de régler deux problèmes: résoudre les problèmes structurels des économies développées et inciter les pays émergents à laisser leurs monnaies s’apprécier. Ces problèmes structurels sont ceux du développement durable et de la lutte contre la pauvreté. Nul ne doute que ce type de problème prend du temps à être résolu quand le simple soutien à la croissance est effectif et possible à court terme.

Pendant trop longtemps, les Etats-Unis ont considéré que le revenu ne représentait rien quand la consommation représentait tout. Le crédit facile est apparu comme le palliatif à l’absence de revenus décents. Augmenter la consommation et le crédit, voilà les deux moteurs de la croissance et de la crédibilité des gouvernements des pays industrialisés du début des années 2000. En voulant faciliter la consommation, on a laissé de côté la redistribution par la fiscalité ou directe pourtant plus utile à la société que la volonté de faire des moins aisés des propriétaires. La propriété au prix du crédit excessif n'a aucune justification économique. Pire, c'est un populisme économique, une insulte à l'intelligence humaine qui a miné l'économie mondiale.

L’excès de crédits est un danger pour la société et la dérégulation bancaire mélangée au populisme économique sont à l'origine de la crise économique. Le mot d'ordre de l'économie de demain, le "juste ce qu'il faut" doit avoir pour objectif de réduire les inégalités nationales et mondiales à la racine. C’est infiniment plus difficle que de prêter ou de déréguler à tout va mais finalement bien plus efficace à long terme.

Contagion et démocratie

mercredi 20 avril 2011




Après la Grèce et l'Irlande, le Portugal est le troisième pays à solliciter le recours au fonds européen de stabilité financière (FESF). Seule l'Espagne manque à l'appel pour que les "PIGS" (Portugal - Ireland - Greece & Spain) soient au grand complet. Par "cochons", on désigne les économies en rattrapage de la zone euro qui ont profité des taux bas de la monnaie unique pour augmenter leur offre de crédits. Alors que la parité euro/dollar reste à un niveau élevé (1,50 dollars pour un euro) confortée par la récente décision de la BCE d'augmenter légèrement les taux directeurs pour se protéger d'un regain d'inflation, la zone euro semble proche de l'implosion. Une aide à l'Espagne nécessiterait deux fois le montant du FESF. Nul ne doute que l'Allemagne s'opposerait à une aide plus importante et coûteuse pour le contribuable allemand aux autres pays de l'eurozone.

Pourtant, c'est in fine la démocratie qui est en jeu dans les pays qui sollicitent l'aide européenne. Imposer un programme d'austérité comme le fait le FMI, ou comme tente de le faire l'Allemagne au travers de mesures diplomatiques ne permet pas de règler le problème de la dette publique. Ce qu'il faut faire est tout d'abord sécuriser le financement des pays qui risquent de faire défaut en leur permettant d'emprunter directement auprès de la Banque centrale européenne ou d'un FESF élargi. Sécuriser le financement, c'est permettre aux gouvernements de proposer des alternatives différentes aux citoyens des pays en difficulté, initiatives qui sont sanctionnées par un vote démocratique. Imposer l'austérité, c'est accroître le sentiment anti-européen dans les pays en difficulté mais également dans les pays qui forment le coeur de l'Europe comme la France et l'Allemagne.

Assurer la continuité du financement des dépenses publiques, ça n'est pas exonérer les responsables de leurs fautes. Il faut évidemment encadrer et diminuer les dépenses publiques quand la dette devient insoutenable. La révision des politiques publiques, leur opportunité et la restructuration des entreprises publiques ne doivent pas amener à la stricte privatisation ou au déficit d'investissements publics. Il faut également restructurer le secteur bancaire en organisant la fusion de certaines banques et en leur imposant certaines pertes tout en garantissant leur pérennité.

Le graphique ci-dessous résume les problèmes de la zone euro: écarts de dette et de croissance qui confirment que la zone euro n'est pas une zone monétaire optimale, c'est-à-dire une région économique soumise à des chocs symétriques et à une mobilité importante des capitaux qui permettrait d'accroître la résilience aux chocs.

Psychologie des prix

vendredi 8 avril 2011


Celui qui vit à Paris depuis un certain temps a pu intégrer que les prix ne reflètent pas forcément la « valeur » des biens en général, mais même la valeur qu’on peut leur attribuer. Je suis surpris (et heureux) de payer un café 1 euro à Lisbonne ou à Séville. J’ai l’impression de faire une bonne affaire si je paye 1,80 euros un café dans un bar parisien. Je ne me sens pas pour autant arnaqué si ce même café vaut 2,30 euros à quelques centaines de mètres de différence. J’ai intégré l’idée qu’une boisson chaude pouvait être taxée un euro de plus quand elle est servie le soir (car le prix de l’occupation de la place est plus élevée le soir dans certaines brasseries qui reçoivent pour dîner). En bon parisien, j’ai l’habitude de supporter des distorsions de prix. En bon parisien, je peux trouver raisonnable un plat à 18 euros mais m’indigner pour un café au comptoir qui coûterait plus de 1,20 euros. Le « prix » est un signal qui crée des barrières psychologiques importantes.

Eduardo Porter analyse dans son livre l’effet psychologique des prix. L’exemple le plus connu est celui de la comparaison entre Starbucks et un bistrot normal. Comment expliquer le prix du Latte chez Starbucks (environ 4 euros) et le café crème d’un bistrot classique (environ 2,80 euros). Comment expliquer une telle différence de prix ?

Certains diront que l’écart de prix vient du surplus de café (mon café Latte est six fois plus grand que mon café crème). Faux : cela coûte à peine deux centimes d’euros au cafetier. Il y a plus de lait ? A peine deux centimes en plus encore. L’espace est moins optimisé dans un Starbucks (le prix du loyer au mètre carré justifie alors l’écart de prix)? Oui mais Starbucks pratique le même prix que le café soit à emporter ou sur place. Que paye-t-on en plus alors ? La marque ? Le produit (puisqu’après tout un Latte, ça n’est pas un crème) ? Le plaisir de vous prendre pour un new-yorkais ? Le prix des produits Starbucks vient essentiellement d’une stratégie de discrimination des consommateurs. Quand McDonald pratique des prix bas pour à la demande de sa clientèle, plus populaire, Starbucks vise les centres-villes, les quartiers d’affaires et in fine les cadres. Starbucks discrimine en fait les consommateurs sur le marché, comme le Flore ou le Fouquets le font à Saint-Germain des Prés et sur les Champs Elysées.

Une autre question posée par Porter est celle du pourboire. Pourquoi sommes-nous plus enclin à donner un pourboire dans un bistrot que dans une grande chaîne comme Starbucks? Préparer un café Latte est pourtant plus embêtant que de préparer un expresso. Alors même que les serveurs de Starbucks sont souvent plus sympas (ils sont généralement étudiants et à mi-temps) et aussi mal payés que le serveur du café d’en face, la tendance est au pourboire au garçon de café.

Nous sommes donc irrationnels sur des prix qui guident nos modes de vie et sur la manière dont nous allouons telle dépense à telle consommation. Les prix guident nos décisions mais également celles des entreprises : la marge qu’elles feront entre le coût de production et le prix de vente est déterminante pour leur survie, leur image et leur pouvoir de marché.

Les inégalités, moteur de la crise financière?

mercredi 6 avril 2011






Plusieurs économistes ont pointé du doigt le rôle des inégalités comme origine de la crise des subprimes. Aux Etats-Unis Raghuram Rajan, professeur à la Booth School de l'Université de Chicago, dans un livre intitulé "Fault Lines" établit un lien direct entre les inégalités aux Etats-Unis et la crise financière de 2007. Son argument est le suivant. D'abord, le progrès technologique biaisé en faveur des travailleurs qualifiés a entraîné des écarts importants de rémunération. Ensuite, face à la montée des inégalités, les politiques ont favorisé le crédit plutôt que l'investissement dans l'éducation et dans la formation professionnelle. L'augmentation des qualifications aurait permis d'augmenter l'offre de travailleurs qualifiés et ainsi diminuer leurs salaires. La conclusion de Rajan est donc double. Premièrement, les politiques de lutte contre les inégalités peuvent amener à une crise financière de grande ampleur, phénomène qui ne peut se produire que si les inégalités sont importantes. Deuxièmement, les bonnes politiques de lutte contre les inégalités ne sont pas celles qui permettent de consommer plus par le crédit mais celles qui passent par l'éducation et la formation.

En France, deux auteurs que je connais bien, expliquaient dans le livre "Reprise ou re-crise?" que la crise des subprimes trouvait son origine dans la pyramide de distribution des salaires américains. Celle-ci se caractérise par une base large de salariés à faible revenus qui doit vivre à crédit. Les innovations financières ont permis de diviser de façon illusoire le risque des mauvais emprunteurs incitant ainsi les établissements financiers à prêter aux plus démunis. Ce qui apparaissait comme du "capitalisme social" n'était en fait qu'un moyen d'entretenir une croissance déséquilibrée dans laquelle les plus pauvres devraient finalement payer l'addition, soit en perdant leur bien immobilier hypothéqué, soit en perdant leur emploi. Les auteurs préconisaient un salaire minimum national aux Etats-Unis pour éviter un recours massif au crédit.

Ces lectures de la crise nous amènent à la question suivante : est-ce que ce sont les inégalités ou une mauvaise politique économique de lutte contre les inégalités qui ont précipité l’économie mondiale dans la crise ? Ou la réponse est-elle à chercher du côté du manque de régulation financière de l’économie américaine ?

Il semble que les inégalités elles-mêmes ne soient pas à l’origine des crises mais plutôt que l’intervention gouvernementale dans le marché du crédit pour réduire les inégalités puisse s’avérer contre-productive. Il ne faut pas pour autant mettre de côté l’importance de la dérégulation financière dans la prévention des crises économiques. La dérégulation financière a entraîné des profits énormes alors que les salaires dans la finance ont augmenté, créant une explosion des très hauts revenus et des inégalités, à l’origine même des politiques de soutien au crédit. Une politique juste de lutte contre les inégalités serait donc celle qui permet la bonne régulation des marchés financiers d’une part et des modèles de rémunération de grandes entreprises qui dépendent aujourd’hui beaucoup des cours de marchés.

Mesurer la pauvreté

mardi 5 avril 2011
Aux Etats-Unis, la mesure de la pauvreté est particulièrement importante puisqu’être considéré comme "pauvre" donne droit d'accès aux programmes sociaux. Mais qu'est-ce qu'être pauvre?

En France, on considère pauvre celui ou celle dont les revenus sont inférieurs à la moitié du salaire médian. Dans certaines études, on utilise la barre de 60% du revenu médian comme seuil de pauvreté. Aux Etats-Unis, où il n’y a pas de salaire minimum national, le seuil de pauvreté est le coût élémentaire de l’alimentation pour un ménage, multiplié par trois. Au niveau national, le taux de pauvreté est de 14%.

Depuis peu, une mesure alternative de la pauvreté est calculée par le gouvernement fédéral, la "supplemental poverty measure". Celle-ci n’a pas vocation à remplacer la mesure traditionnelle de la pauvreté mais doit coexister avec elle. Cette mesure supplémentaire de la pauvreté ajoute au coût de l’alimentation, de l’habillement, du logement et des services essentiels (eau, électricité, etc.) 20% de dépenses supplémentaires. Elle peut varier d'une zone urbaine à l'autre. Cette mesure augmente légèrement la pauvreté nationale de 14% à 16%.

Ce ciblage pourtant meilleur de la pauvreté a lancé un vive débat de l'autre côté de l'Atlantique. Doit-on mesurer la pauvreté de manière relative? Dans ce cas là, celui qui a un téléphone mobile sans appareil photo peut-il être considéré comme pauvre (alors même qu'il a un téléphone mobile)? En Europe où nous mesurons traditionnellement la pauvreté comme étant relative (réservant la notion de pauvreté absolue aux sans-abris ou aux pays en développement), la question ne se pose pas. Pourtant notre système de mesure des inégalités n'est pas parfait car il ne prend pas en compte la dynamique des inégalités et de la pauvreté.

Quelle est ma probabilité de rester pauvre quand je deviens pauvre? Le taux de sortie de la pauvreté en France n'est selon l'OCDE que de 45% quand il est supérieur à 55% au Danemark. Si la France fait mieux que les Etats-Unis, pays dans lequel la pauvreté durable est la plus importante des pays industrialisés, elle n'offre pas les possibilités de mobilités qu'offre une économie plus dynamique.

L'histoire du monde en 100 secondes

lundi 4 avril 2011
Si l'on prend au sérieux cette animation, l'histoire du monde a été essentiellement indo-européenne, au moins le temps d'une minute.

A History of the World in 100 Seconds from Gareth Lloyd on Vimeo.